Le Ghana change de président, le Togo change d’ampoules dans ses hôpitaux
Nana Akufo-Addo, président sortant du Ghana, est-il mort pour avoir simplement respecté la Constitution de son pays après deux mandats ? Le candidat de son parti a-t-il disparu en félicitant son adversaire, reconnaissant ainsi sa défaite sans recourir à des stratagèmes honteuses ? Les Ghanéens seraient-ils des extraterrestres, capables de faire avancer la démocratie et l’alternance avec une telle facilité qu’ils forcent l’admiration du monde entier ?
Ces questions, je les pose directement à Faure Gnassingbé. Sans scrupule il a prolongé les 38 années de règne de son père par ses propres 20 ans de pouvoir.
Ensuite, il a décidé de nous épargner le suspense des résultats électoraux douteux en supprimant tout bonnement les élections présidentielles grâce à une fameuse « Cinquième République » .
Tout ceci sorti tout droit de l’imagination de ses conseillers zélés.
Ironie du sort : le Togo partage une frontière avec ce Ghana qui donne des leçons de démocratie à toute l’Afrique. Mieux encore, la capitale togolaise, Lomé, est l’une des rares au monde à être ouverte sur la frontière d’un autre pays, le Ghana. Mais cette proximité n’a jamais été contagieuse pour les principes élémentaires de l’alternance démocratique.
Pire, en seulement deux mandats, Nana Akufo-Addo a laissé derrière lui un Ghana transformé : des autoroutes modernes, des hôpitaux équipés, des logements sociaux accessibles, et une ligne de train flambant neuve en guise de cerise sur le gâteau. Ces infrastructures s’ajoutent à celles bâties par ses prédécesseurs, prouvant que l’action publique peut réellement améliorer la vie des citoyens.
Pendant ce temps, au Togo, après plus de 60 ans d’un régime familial, Faure Gnassingbé peine encore à garantir des soins de santé décents à sa population. Les Togolais traversent la frontière pour se faire soigner au Ghana, faute d’hôpitaux dignes de ce nom. Dans le plus grand centre hospitalier de Lomé, des femmes accouchent à même le sol, les lampes des blocs opératoires clignotent comme des guirlandes de Noël, et les chirurgiens doivent les tapoter pour obtenir un semblant de lumière.
Au Togo, l’État, dans sa fonction première de service public, n’existe pas. Faure Gnassingbé, seul maître à bord, n’a jamais réussi à répondre aux besoins de base de ses concitoyens. Pourtant, demain, ne soyez pas surpris de le voir féliciter avec enthousiasme le président élu du Ghana, comme si le mot « alternance » ne le concernait en rien.
Face à ce contraste humiliant, les Togolais et tous les Africains épris de justice et de changement devraient se lever avec détermination pour mettre fin à cette humiliation, non seulement pour leur pays, mais pour tout le continent.
Le Ghana nous montre que c’est possible. Le Togo, lui, s’en moque éperdument. Par le bon vouloir de la famille Gnassingbé incarné par Faure.