La Cedeao signera, en décembre prochain à Abuja, l’accord pour la construction du Gazoduc Africain Atlantique
garantissent également la sécurité énergétique, le partage des risques et des bénéfices, ainsi que la protection des investissements.
Ainsi, ces accords vont encadrer les relations entre la future société en charge du projet et les gouvernements hôtes du gazoduc. Ils encadreront également l’accord intergouvernemental qui doit encadrer les relations entre les pays traversés par le gazoduc.
Cette signature marquera un tournant décisif dans la réalisation de ce mégaprojet structurant pour la région pour lequel le Maroc s’est fortement mobilisé ces dernières années.
Cette signature, une fois actée, ne manquera pas de donner un nouvel élan au projet de ce gazoduc long de 6.800 km devant relier le delta du Nigeria à l’Europe, via le Maroc, tout en desservant les pays enclavés de l’Alliance des États du Sahel.
La réalisation concrète du projet se fera en plusieurs étapes et sera le prolongement du West Africa Gas Pipeline (WAGP) qui relie le Delta du Nigeria à Takoradi au Ghana, en passant par le bénin et le Togo.
Les trois étapes du mégaprojet
La phase I du projet consistera à prolonger ce segment du gazoduc déjà existant jusqu’à San-Pedro en Côte d’Ivoire, et à relier Kayar du Sénégal au nord du Maroc.
Lors de sa phase II, le mégaprojet connectera les zones de production du sud du Nigeria à Takoradi (Ghana), en parallèle du WAGP. Enfin, la phase III permettra de relier San Pédro à Kayar. Une fois ces différentes phases réalisées, l’acheminement du gaz via le gazoduc devrait se faire à partir de 2029.
À noter que cet important projet structurant va permettre l’évacuation d’importantes quantités de gaz de la région ouest-africaine vers l’Europe à moindre coût, comparativement au Gaz naturel liquéfié (GNL).
Le Nigeria, qui pourtant dispose des plus importantes réserves en gaz du continent (7e réserves mondiales estimées à 5.284 milliards de mètres cubes), n’arrive qu’au troisième rang des producteurs africains de gaz en raison notamment du torchage et de la priorité accordée jusqu’à présent à la production pétrolière.
Néanmoins, en 2019, le pays a produit plus de 49 milliards de mètres cubes de gaz, dont 25 milliards ont été exportés vers l’Europe et l’Asie sous forme de GNL. La moitié restant étant consommée localement et exportée vers d’autres pays et les pays côtiers ouest-africains via le gazoduc West African Gas Pipeline long de 677 km.
Mais depuis, d’importants investissements ont été engagés au Nigeria par des majors pétroliers dans le domaine gazier. De colossaux investissements devant atteindre 12 milliards de dollars ont été annoncés en 2023 par TotalEnergies et Shell.
Le gazoduc pourrait ainsi inciter le Nigeria à exploiter ses importantes réserves gazières surmontant par la même l’obstacle que constitue l’exportation via le GNL. Ce n’est pas pour rien que les autorités nigérianes ont fait part de leur volonté d’injecter 12,5 milliards de dollars pour la réalisation du Gazoduc Africain Atlantique, soit l’équivalent de la moitié du coût estimé du projet.
Aux côtés du Nigeria, d’autres pays ont découvert, ces dernières années, d’importantes ressources gazières. La plus importante demeure certainement celle du Grand Tortue Ahmeyim (GTA) à la frontière maritime sénégalo-mauritanienne. Selon les évaluations, ce gisement dont la production démarrera début 2025, dispose de réserves évaluées à 1.400 milliards de mètres cubes de gaz. La production du GTA devrait atteindre 6 milliards de mètres cubes en 2026-2027.
En plus, la Mauritanie dispose également du gisement Bir Allah dont les réserves sont estimées à 13.000 milliards de pieds cubes de gaz. Et ce n’est pas fini. D’autres découvertes de gaz ont été faites au Ghana et en Côte d’Ivoire.
C’est dire que le potentiel d’export via le Gazoduc Africain Atlantique est important et justifie les importants investissements qu’il nécessitera.
Selon les estimations, il faudra un peu plus de 26 milliards de dollars pour réaliser ce gazoduc dont la rentabilité est garantie par les importantes ressources découvertes et non encore découvertes de gaz dans la sous-région et même au-delà. Il sera également possible de connecter ultérieurement ce gazoduc aux pays d’Afrique centrale.
Résultat: plusieurs investisseurs sont intéressés par le projet dont la viabilité ne fait aucun doute dans un contexte de crise énergétique en Europe, destination du gaz que transportera le gazoduc.
Enfin, rappelons que la réalisation de ce mégaprojet de gazoduc est le fruit d’une vision du roi Mohammed VI du Maroc et du président nigérian Muhammadu Buhari. L’accord a été signé en 2016 lors de la visite du souverain marocain au Nigeria.