Les images d’un policier qui jette un homme par-dessus un pont au cours d’une arrestation suscitent la polémique
Des images qui font froid dans le dos circulent depuis une semaine sur les réseaux sociaux. La scène se déroule au Brésil, à Sao Paulo. On y voit plusieurs policiers à moto arrêtés sur pont, visiblement en plein contrôle routier. Un autre agent les rejoint alors en tenant par le bras un jeune homme, qui n’a pas l’air d’opposer de résistance. Il amène l’individu contre la rambarde du pont, et quelques instants plus tard, alors que l’homme lui tourne le dos, le policier lui attrape les jambes et le jette par-dessus le pont et puis se détourne comme si de rien n’était. Autour de lui, au moins trois collègues assistent à la scène, sans bouger.
C’est un passant qui a filmé les faits de loin, et a ensuite diffusé les images sur les réseaux sociaux, où elles ont rapidement tourné et suscité la polémique. La victime balancée par-dessus le pont a été identifiée comme un étant un livreur à moto. Tombé de trois mètres, dans un ruisseau peu profond selon les médias locaux, il a été secouru par des habitants et emmené à l’hôpital. Il a été blessé mais il va bien, d’après TV Globo.
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Le policier déjà accusé de meurtre
Quelques jours après les faits, le policier incriminé a été arrêté et incarcéré. Le média brésilien rapporte également que cet homme avait été accusé de meurtre l’année dernière, après avoir tué un homme en lui tirant dessus à douze reprises. Après enquête, le ministère public et le jugent avaient conclu à de la légitime défense et l’affaire a été classée sans suite en janvier. Les treize collègues de ce policier, qui se trouvaient sur les lieux au moment du drame, ont de leurs côtés été suspendus. Le soir des faits, ils intervenaient apparemment pour disperser « un événement funk ».
La scène violente a provoqué une vague de colère et des manifestations dans l’État de Sao Paulo, où les violences policières se multiplient ces derniers mois. Entre janvier et septembre 2024, au moins 580 personnes ont été tuées lors d’interventions policières, ce qui représente une augmentation de 55 % par rapport à l’année passée, durant la même période.
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La responsabilité du gouverneur de l’État, Tarcísio de Freitas, est régulièrement pointée du doigt. Proche de l’ancien président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, Tarcísio de Freitas a accédé au poste de gouverneur l’année dernière. Il est décrit comme « adepte de la répression » et d’une « police qui tue », selon Paulo César Ramos, sociologue et chercheur au sein du groupe de réflexion Afrocebrap, qui s’est exprimé auprès du Guardian. Sous ses ordres, les policiers se sentent « autorisés à tuer, et certains se sentent obligés de le faire », ajoute l’expert. Initialement contre les bodycam sur les agents de police, Tarcísio de Freitas a finalement changé son discours, après les appels à la démission faisant suite à une vague de meurtres par des policiers dans l’État de Sao Paulo. « J’étais quelqu’un qui avait complètement tort sur cette question. J’avais une vision erronée […] Aujourd’hui, je suis complètement convaincu qu’il s’agit d’un instrument de protection », a-t-il notamment déclaré aux médias après les faits filmés la semaine passée.