Né à Dakar mais joueur français, Patrick Vieira sans détour : « L’Afrique ? Je n’ai pas besoin de…
S’il s’est établi comme l’un des meilleurs milieux de terrain de l’histoire de l’équipe de France, c’est bel et bien à Dakar que Patrick Vieira est né et qu’il a vécu les premières années de sa vie. Alors quel est son rapport à l’Afrique ? Il s’était épanché sur le sujet en marge de la Coupe du Monde 2002, avec sa franchise habituelle.
À l’heure où les débats sur les footballeurs bi-nationaux n’en finissent plus, avec, parfois, un arrière-goût un peu rance, il est bon de se rappeler que certains joueurs ont été des exemples parfaits en la matière. On peut par exemple penser à Patrick Vieira, né à Dakar, où il a grandi jusqu’à son départ pour la France à l’âge de 7 ans. Les souvenirs sont en tout cas restés vivaces, comme il le confiait au « Parisien » :
Je me souviens de ces ballons en plastique à moitié déchirés avec lesquels nous nous régalions pendant des heures. Nous mettions deux manteaux par terre, on comptait six pas, on posait deux autres vêtements plus loin, et hop ! le match pouvait commencer. Souvent, c’était des trois contre trois. Nous disputions des parties pour le plaisir. Nous n’avions pas d’idoles. Je n’avais jamais vu un match à la télévision. C’était comment dire… le foot à l’état brut.
Patrick Vieira évoque son rapport à l’Afrique
Avance rapide à 2002, et à la fameuse Coupe du Monde lors de laquelle les Français allaient malheureusement se vautrer. Dans leur poule se trouvait le Sénégal, un match forcément particulier pour Vieira. Il expliquait alors tout son attachement à ses racines africaines, sans pour autant, assurait-il, avoir besoin de les porter en bandoulière :
Les notions de groupe, de culture foot, je les ai acquises en France. Mais au fond de moi, je me sens Sénégalais. Cette culture est ancrée en moi parce que ma famille m’a éduqué ainsi.
Si ma maison est décorée dans un style africain ? Non, je n’ai pas besoin de signe extérieur. L’Afrique, je l’ai en moi. J’aime son côté accueillant, ouvert. Je me souviens des visites de mes copains à la maison. Ils étaient surpris par l’ambiance. Tout de suite, ils avaient l’impression d’être de la famille.
Dès que je rentre chez moi, je parle wolof. Je le comprends même si je n’en maîtrise pas toutes les nuances. J’aime cette langue. C’est la plus mélodieuse de toute l’Afrique. Elle chante un peu comme l’italien. Et je mange du tieb, un plat à base de riz et de poisson ou de poulet.
Vous l’aurez compris : Vieira ne renie rien de ses origines et de sa bi-nationalité. Dans cette même interview, il mettait d’ailleurs en avant l’importance de la « culture africaine » dans le groupe France, en s’appuyant aussi sur les exemples de certains de ses coéquipiers :
Chacun apporte sa spécificité. Ce mélange crée une vraie richesse. Je parle beaucoup avec Thierry Henry et Lilian Thuram. J’ai des affinités particulières, mais je discute avec tout le monde. Plus je vieillis, plus je m’attache à mes racines. J’ai envie de retourner en Afrique pour comprendre mon enfance.