Que faut-il savoir sur l’industrie cinématographique nigériane

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Que faut-il savoir sur l’industrie cinématographique nigériane

Nollywood est un mot-valisé évoquant l’importance du cinéma du Nigeria. Depuis 2009, le Nigeria est la deuxième puissance cinématographique au monde en nombre de films produits par an. Après l’Inde (Bollywood) mais devant les Etat-Unis(Hollywood), le Nigeria produit chaque année 2 000 films vidéos, dont le coût estimé ne dépasse pas 20 millions d’euros3. Son public régulier est estimé à 150 millions de spectateurs.

Les histoires et les films

L’industrie nigériane du film est née voici de nombreuses décennies. Il en sort des films en anglais (Nollywood), des films en yoruba ainsi que des films en haoussa, en igbo et dans d’autres langues locales du Nigéria, qui sont produits à Kano (Kannywood). La distribution s’effectue sur support vidéo (VHS, VCD et DVD), selon un modèle caractéristique de Nollywood, adopté en 1992 pour Living in Bondage, premier succès commercial à avoir été tourné directement en vidéo. Ce film marqua pour le cinéma nigérian le début d’une ère nouvelle, en montrant ce qu’il était possible de faire avec des moyens limités et en facilitant ainsi l’accès à ce domaine de nombreux cinéastes de talent.

La diversité des modes de vie et des traditions culturelles du Nigéria (180 millions d’habitants, 300 tribus et quelque 500 langues) offre aux réalisateurs du pays une profusion d’éléments dont ils peuvent habilement s’inspirer pour raconter des histoires simples de la vie quotidienne, susceptibles de trouver des résonances auprès des Nigérians ainsi que d’autres publics ayant une culture et un patrimoine similaires, tant en Afrique que parmi la diaspora africaine. Colorées et divertissantes, ces histoires captivent l’imagination des spectateurs; elles font écho à leur expérience de vie, sont fortement moralisatrices et traitent aussi – il faut le dire – de “juju” (sorcellerie). Les nouvelles générations de cinéastes s’intéressent toutefois à des questions sociales plus délicates telles que le viol (Tango with Me), la violence familiale (Ije) et le cancer (Living Funeral). C’est un fait reconnu que Nollywood exprime à la fois la profondeur et l’étendue de la diversité culturelle de l’Afrique. Les Africains y trouvent un lieu pour raconter leur propre histoire.

S’il est vrai que Nollywood plaît et se distingue par ses modes de narration, on ne peut pas dire que sa production ait vraiment brillé jusqu’à présent par sa qualité. Pendant des années, ses films ont été produits à la chaîne autour d’intrigues prévisibles et selon des formules éprouvées. Les réalisateurs travaillaient sans scénario formel, les acteurs improvisant simplement leur dialogue au fur et à mesure. Les cinéastes s’efforcent cependant depuis quelques années de se débarrasser de ces pratiques d’amateurs et de mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité des films produits.

Une structure informelle

L’industrie cinématographique nigériane reste dans une large mesure informelle, avec une structure que ses cinéastes comprennent et qui leur convient. Il est de notoriété publique que l’existence d’une chaîne de titularité (la série de documents démontrant à qui appartiennent les droits) ne constitue pas un facteur important pour l’obtention du financement d’un film au Nigéria, et cela malgré les dispositions de la loi sur le droit d’auteur du pays, qui prévoient que la propriété des droits doit impérativement être démontrée dans un contrat écrit. Cela peut être attribué au fait que ceux qui assurent la commercialisation des films en langue anglaise au Nigéria monopolisent aussi depuis de nombreuses années le financement, la production et la distribution de ces derniers. Ils exploitent des réseaux de boutiques et autres points de vente, et exercent une influence considérable sur le choix des films produits et commercialisés. Leurs intérêts ont été servis dans une large mesure par le fait que la quasi-totalité de leurs revenus provient de la location et de la vente de vidéos destinées à un usage domestique. C’est ce modèle qui a contribué à catapulter Nollywood sur la scène mondiale.

Le caractère informel de l’industrie et l’absence de plan de rentabilisation des investissements ont découragé les autres formes d’investissement privé et fermé la porte à des occasions potentiellement lucratives de distribution sur les marchés étrangers, la confirmation de la chaîne de titularité des droits devenant alors un incontournable. Des cinéastes indépendants des sociétés de commercialisation commencent toutefois à se manifester depuis quelques années, avec des propositions commerciales, des contacts et une persévérance qui leur permettent de s’assurer du financement de source publique et privée. Plusieurs des films qu’ils produisent respectent en outre les exigences contractuelles en matière de chaîne de titularité. Un bon nombre de ces productions font maintenant l’objet d’avant-premières dans des cinémas du Nigéria et d’un certain nombre d’autres pays à travers le monde. La présentation en salle signifie pour les cinéastes concernés un accès à des revenus issus de la vente de billets.

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